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Auprès des femmes v...

Auprès des femmes victimes de traite humaine

Sœur Birthe, Europe Centrale
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Lieu : Berlin, Allemagne (Province d’Europe centrale)

Sœur Birthe, travailleur social dans une association auprès de femmes qui ont été victimes de traite humaine et/ou de prostitution forcée.

 

En quoi consiste cette mission ?

Je travaille comme travailleur social à Berlin dans une association qui soutient des femmes qui ont été victimes de traite humaine et/ou de prostitution forcée. La plupart de ces femmes viennent de l’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Guinée, Benin, Cameroun …).

Elles ne se trouvent plus dans cette situation mais ont besoin d’être protégées et de recevoir différents types d’aide pour ne plus tomber dans ces structures d’exploitation : logement protégé, aide juridique pour mettre en œuvre une procédure d’asile, traitement thérapeutique, suivi médical…

Quel sens donnes-tu à cette mission ?

Je voudrais citer l’article 16 de nos Constitutions : « Venu dans notre monde, il y apporte la Bonne Nouvelle que Dieu est avec nous, pour sauver les hommes, les rétablir dans leur dignité et leur permettre d’atteindre toutes leurs dimensions de fils de Dieu. »

 

Quand j’entends le mot dignité, j’entends les femmes dire des phrases comme : « Pourquoi est-ce que je vis ? Je n’y suis pour rien, je ne sers à rien. Ma vie n’a pas de sens. J’étais une marchandise, on me vendait. Ils me torturaient, ils me violaient, ils faisaient tout avec moi. J’ai failli perdre ma vie. »

Pendant les premiers entretiens les femmes pleurent beaucoup en racontant leur histoire. Elles ont l’impression d’avoir perdu toute leur dignité, qu’elles n’ont pas de valeur, que leur vie n’a pas de sens. Aider à rétablir leur dignité, pour moi cela veut dire les écouter attentivement, accueillir leur histoire, prendre au sérieux leur souffrance, leur permettre de pleurer sans honte et créer une atmosphère qui leur redonne leur dignité et leur valeur comme fille de Dieu.

 

Un autre article de nos Constitutions, le n°18, résonne beaucoup en moi : « Nous croyons qu’il n’y a aucune frontière à l’amour et sommes solidaires de tous ceux qui suivent Jésus-Christ dans sa Pâque, qu’ils soient sur la terre ou passés par la mort. Nous les accompagnons par la prière, l’action et la communion dans l’épreuve, tout en sachant que l’amour transfigurant de Dieu est un don gratuit. »

En lisant cet article, ce qui résonne surtout en moi, c’est « accompagner par la prière et par la communion dans l’épreuve ».

Je suis heureuse de pouvoir remettre la souffrance de ces femmes dans les mains de Dieu chaque soir, à l’heure de la prière commune… En lisant un psaume, en répétant des versets, je sens que ces femmes sont bien présentes avec leurs souffrances, avec leurs cris, leurs plaintes, leurs désirs, leurs espoirs … Les versets des psaumes expriment si bien l’angoisse et la souffrance de ces personnes. Pour moi souvent ce sont elles-mêmes qui crient et supplient Dieu à travers ces mots.

 

J’apprécie beaucoup l’expression « communion dans l’épreuve » de nos Constitutions. Comment est-ce que moi, je vis cette communion dans l’épreuve ? Pour moi, ça veut dire ne pas fuir, assumer cette mission défiante, accueillir leur histoire marquée d’une violence extrême et traumatisante, même si cela m’affecte, moi aussi, même si cette écoute quelque fois pèse lourd pour moi aussi. Il s’agit vraiment d’assumer intérieurement dans la foi de rester à leurs côtés et de regarder droit au fond de cet abîme, de leurs douleurs, d’accueillir leurs souffrances.

L’amour de Dieu est un don gratuit …. Le matin d’une journée de travail je me prépare à l’accueil des femmes dans ma prière personnelle du matin, en me mettant devant Dieu, avec mes mains vides, mes forces limitées, en lui demandant de remplir ces mains vides de sa force, de confiance, d’espoir et de sa lumière.

Quel est le lien de cette mission avec votre charisme ?

Je vais cette fois me référer à l’article 19 de nos Constitutions : « L’accueil de la libération en Jésus Christ entraîne des transformations et des conversions radicales. Espérant la venue du Règne de Dieu à travers ces étapes douloureuses, nous sommes appelées à rejoindre les personnes et les groupes qui passent par des situations d’épreuve et de croissance. »

 

Cet article parle de l’accueil de la libération en Jésus-Christ. Je pense à toutes ces femmes qui souvent ont une relation profonde avec Dieu, chrétiennes ou musulmanes. Elles crient vers Dieu, elles cherchent Dieu dans leur souffrance et elles désirent profondément la libération de leurs peines, elles désirent vivre une vie normale, expérimenter le bonheur, l’amour, le soulagement de leurs peines, ne plus souffrir.

 

L’accueil de la libération en Jésus-Christ me rappelle aussi la parabole de « l’amie oubliée » de Marie de la Providence : « Si l’une de mes petites amies était en prison, la porte bien fermée, et qu’il fût en mon pouvoir de lui ouvrir, et qu’au lieu de la faire sortir elle me vît courir après les papillons, m’amuser, passer avec indifférence devant la porte, quelle peine cela ne lui ferait-il pas ? Eh bien, voilà ce que souffrent les âmes du Purgatoire lorsque leurs amis les oublient. »

Cette image me parle fortement depuis que je travaille pour les femmes victimes de traite humaine. Eugénie désirait vivement la libération des âmes souffrantes, la libération de leurs cachots, de leurs chaînes. S’engager contre la traite humaine et pour leurs victimes, c’est un engagement libérateur.

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